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Sous les Flashs

traduction de l’anglais par Oli

Un long et intéressant entretien (daté de début décembre) en version originale ici.
Avec notamment des réponses à des questions de fans, voici des (tentatives de) traductions de quelques passages.

Peut-on simplement demander pourquoi In Rainbows a mis tant de temps à se faire ?
Colin : Nous sommes tous en mode familial… et aussi parce que Thom a enregistré son album solo… et Nigel n’était pas dans les parages pour enregistrer le disque et… il était devenu clair que nous ne pourrions pas nous lancer sans lui. 

Est-ce que In Rainbows a été l’album le plus éprouvant à réaliser ?
Colin : C’était difficile. Mais je ne pense pas que c’était plus difficile que The Bends ou OK Computer.
Jonny : Et Kid A et Amnesiac et Hail To The Thief ! Ils ont tous été difficiles ! Mais on oublie vite ça, combien ils sont éprouvants, alors ça va.

Pourquoi ce titre In Rainbows ?
Thom : Uhm… Parce que c’était le désir de vous trouver quelque part où vous n’êtes pas. J’ai pensé à ça la nuit dernière.

Pouvez-vous nous dire quelque chose concernant les ventes de In Rainbows, le prix moyen payé pour le téléchargement, le nombre de discbox commandées ?
Ed : Je crois qu’il y a environ 80000 discbox.
Jonny : 60000.
Ed : C’était 65000 la semaine dernière.
Colin : C’est 72000. 

Comment le groupe réagit aux commentaires de Lily Allen et d’autres qui vous accusent d’arrogance et d’irresponsabilité pour cette démarche de laisser libre le choix du prix à payer le téléchargement ?
Thom (mort de rire) : Oh… je suis déçu de ça.
Donc pas de commentaire ?
Thom : C’était ça mon commentaire… ça me fait rire.

Les artworks de In Rainbows se détachent de l’image impersonnelle et apocalyptique des précédents albums. Idem pour la musique. Tout ça est chaleureux et accueillant. L’esthétique générale dénote d’un Radiohead plus brillant, plus heureux. Est-ce que le groupe confirme qu’un changement a eu lieu ? Si oui, pourquoi est-ce arrivé ?
Thom : Uhm… oui, en quelque sorte. Quelque chose de plus détonnant… Détonnant n’est peut-être pas le mot exact mais direct, spontané. C’est ce que nous nous étions fixés comme but.
Ed : Je pense que le point principal ce sont vraiment les paroles de Thom. Elles annoncent toujours quelque chose. La musique parait toujours aussi forte, mais les paroles…
Comment cela est-il venu à Thom ?
Ed : Je pense de ne pas craindre d’être personnel dans ses textes. Et ne pas être effrayé d’être… Je pense que ça a été vraiment libérateur pour lui de faire son album solo. Sa voix est mise en avant. C’est l’aspect le plus remarquable. Il ne se cache pas. Et après OK Computer il l’avait un peu mise en retrait. Je pense qu’elle devient assez assurée et courageuse pour que lui soit plus personnel. Et vous savez quoi…il y a de quoi écrire à propos des des trente dernières années. On a vécu. On a fondé des foyers.
Jonny : On est différents.
Ed : Oui, on ne se dit plus "moi, je suis le centre du monde". Ce n’est plus possible parce qu’on a des enfants. Alors, on change. C’est comme si… "hé, il y a une ferveur dans ces chansons, c’est très humain".

A propos des paroles, In Rainbows semble tourner autour de l’infidélité et des relations humaines. C’est un gros changement par rapport aux thèmes plus chargés des préoccupations mondiales (problèmes environnementaux) des deux ou trois précédents albums. Est-ce que Thom s’est plus concentré sur sa vie de famille et a fait face à des problèmes personnels durant l’écriture des textes de cet album ?
Thom : Plus concentré à ne pas ressasser les mêmes généralités. A part ça, je ne pourrais pas dire, vraiment.

Dans quelle mesure In Rainbows traite le malaise de milieu de vie et les différentes humeurs qui peuvent apparaitre aux alentours des quinze ans de mariage ?
Thom : C’était surtout plutôt à propos de cette p***** de panique en réalisant que l’on va mourir un jour ! Et qu’à n’importe quel moment je pourrais bientôt avoir une attaque cardiaque la prochaine fois que je vais courir. Vous voyez ce que je veux dire.

Avant la sortie de l’album solo de Thom, celui-ci a déclaré que faire partie de Radiohead était devenu ennuyant et monotone…
Thom : On en était arrivé à un point où tout le monde le faisait plutôt par obligation que parce que nous en avions envie. Et une des choses dont j’avais envie depuis longtemps était de me retrouver dans un studio pour m’occuper d’un tas de trucs qui n’auraient pas trouvé leur place dans le contexte du groupe Radiohead.

Avez-vous délibérément pris la décision de vous éloigner des sonorités électroniques ? Ou est-ce que ça s’est fait tout seul ?
Jonny : Euh…
Colin : Je pense, quand initialement nous avions commencé à travailler sans Nigel, nous nous sommes rendus compte que nous ne pourrions pas le faire sans lui. Et nous avons débattu à propos de faire sonner chaque son de manière plutôt organique.
Ed : Il y a eu un processus tout à fait conscient, nous en avons discuté avec Nigel. En dégarnissant tout ça… Vous savez, faire des arrangements et de la musique un peu plus minimaliste.

Quand, et comment, s’est effectuée la transition entre la paranoia urbaine d’antan et la sensualité de ce disque ?
Ed : Oui, oui, exactement !
Colin : Voilà !
Thom : Ed insiste toujours sur le fait que ce disque est très sensuel. L’idée fait son chemin… je pense en effet qu’il y a beaucoup de ça. C’était plus la façon dont les choses se sont enchainées, rien de précis en particulier. En quelque sorte… en tout cas ce n’était pas quelque chose de réfléchi.

En avril le groupe a eu une réunion avec ses managers, Chris Hufford et Bryce Edge, qui ont fait une suggestion : puisque le groupe était sans contrat, pourquoi ne pas pas sortir l’album eux-mêmes, via Internet ? Puis encore des discussions, d’interminables réunions… Et cette autre idée : pourquoi ne pas laisser les gens décider combien payer pour l’avoir ? Si quelqu’un pouvait nous en dire plus sur ce plan…
Phil : Tous les arguments n’étaient pas en faveur de cette initiative. Le seule chose dont nous étions sûrs, était que nous voulions faire un disque. Simplement, c’était ça, ce qui nous faisait avancer. Je pense que comme l’album a pris du temps à se faire, notre management se tournait les pouces et n’avait rien d’autre à faire que nous proposer des idées. Et celle-ci est restée.
Thom : Quand cette discussion a commencé, ça a semblé stupide de parler de tout ça, car nous ne savions encore pas si nous allions accomplir cet album ou pas. Et c’est seulement avec l’énergie, ou l’enthousiasme, d’avoir effectivement réussi à le finir et d’en être fier, que nous avons décidé "ouais, allez, organisons ce download" et que tout cela a pris un sens. Tout cela est surtout le boulot de Chris et Bryce, ça n’avait rien à voir avec nous, on avait fait notre album et voilà. Et c’était excitant parce que nous savions que nous avions réalisé un album dont nous étions fiers.

Pendant les dix jours entre l’annonce de Jonny et la date de sortie de l’album en ligne, l’Internet et les médias ont fait l’objet de discussions enflammées. Radiohead a gardé le silence. Comment a été cette péiode pour le groupe ?
Thom : C’était vraiment amusant. Tout ce bazar qui a démarré et nous étions juste au calme à la maison… C’était brillant. Chapeau !
Phil : Mais aussi nous nous sentions distants de ça. On a eu une exposition assez inhabituelle dans les médias. Un père à l’école m’a dit, et m’a dit "vous êtes en première page de Automobile Industry aujourd’hui !".

Une idée du prix moyen payé ?
Colin : Non.
Phil : Tout ça est en train d’être étudié en ce moment.
Thom : Bonne réponse politiquement correcte.
Phil : Mais ça a été bien. Ca a été bien.

Alors vous avez récupéré plus d’argent que vous ne l’auriez fait avec une sortie conventionnelle ?
Colin : Si on avait fait ça pour l’argent, on aurait signé avec Universal il y a deux mois. On ne l’a pas fait… Aucune personne saine d’exprit n’aurait sorti un disque de cette manière pour le gain financier que ça apporte.

Est-ce que le groupe a intentionnellement attendu la fin de son contrat avec EMI pour sortir leur album le plus attractif commercialement depui sOK Computer, juste pour un pied de nez final ?
Colin : Non, nous avons travaillé avec EMI jusqu’à la sortie de ce disque.
Ed : Nous pensions pouvoir trouver un accord, vraiment.
Pourquoi cela n’a-t-il pas été possible ?
Ed : Parce qu’EMI est en train de changer. Le contrôle a été pris par quelqu’un qui n’a jamais dirigé de maison de disques auparavant, Guy Hands et Terra Firma, et il ne se rend pas compte de ce à quoi il a à faire. C’était vraiment triste de quitter les gens avec qui nous avions travaillé. Mais il ne nous aurait pas donné ce que nous voulions. Il ne savait pas quoi nous offrir. Terra Firma ne comprend pas l’industrie musicale.

Est-ce que le groupe néglige une partie de ses fans, parce que tout le monde n’a pas accès à Internet ?
Thom : C’était une des conditions du projet, que nous sortions aussi l’album en CD, parce que j’aurais été totalement d’accord avec ce reproche. 

Quel genre de contrat avez-vous signé avec XL Recordings ?
Thom : Un contrat pour un disque. Pareil avec ATO aux USA.

Il semblerait qu’EMI ait réagi à votre cadeau In Rainbows d’une manière particulièrement irritante, en sortant une box en concurrence directe…
Thom : Ha ha ah !
Qu’avez-vous pensé quand vous avez appris la nouvelle ? Que répliquerez-vous ? Un single de Noël ? Une édition limitée d’une box de remix de Pop Is Dead ?
Phil : Et c’était une question de T Yorke d’Oxford…
Jonny : On savait que ce genre de chose allait arriver, que ce soit un best-of ou ça…
Ed : C’est venu d’assez haut de toutes façons, Terra Firma. Quand les négociations ont commencé pour ce disque, nous savions qu’il y allait avoir un problème, et nous avons dû accepter que cela allait arriver.
Jonny : Ce n’est pas du meilleur gout.

Qu’est-ce qui a été le plus dur en sortant cet album vous-mêmes ?
Ed : Pour moi ça a été de ne pas avoir à nos côtés quelques personnes de chez EMI avec qui nous travaillions. On a eu de la chance d’avoir certains d’entre eux avant. C’est le seul point négatif je pense. Les gens.
Thom : Ce n’était vraiment pas très difficile. Parce cela semblait la chose nécessaire à faire. Nous étions conscients que nous n’avions aucune idée des conséquences, ce qui a rendu cela vraiment excitant. 

Des gens pensent que ce que vous faites est une mauvaise chose pour les jeunes groupes, parce que personne ne va payer pour leurs disques alors qu’ils peuvent avoir gratuitement un album de Radiohead, un groupe reconnu mondialement.
Jonny : Oui, on a mesuré les pours et les contres avant faire ça. C’était la plus grande inconnue en fait.
Ed : Mais le fait est que, tellement de bonne musique est maintenant accessible gratuitement de toutes façons…
Jonny : Oui, la culture du téléchargement est présente de toutes façons. Un ami à moi a acheté le dernier album de Muse. Et son fils de 12 ans l’a regardé et a dit "waouh ! le vrai truc !". Son fils avait déjà l’album, il connaissait les chansons, mais il n’a jamais tenu le CD dans ses mains. Il a juste trouvé ça curieux comme objet. C’est comme ça que ça se passe maintenant.
Colin : Ce n’est pas une prescription pour nous ou pour quiconque. Le problème avec ce genre de questions c’est que ça finit par ressembler aux discours des anciennes maisons de disques. On en oublie ce qu’est la musique est vraiment : l’excitation et le talent d’artistes faisant de nouveaux trucs cools que des gens apprécient. C’est ce que les maisons de disques ont oublié. Elles se sont enlisées dans ces anciennes questions et ont oublié l’envie pressante du public de partager et d’apprécier la musique. Et il y aura toujours un moyen de trouver comment trouver l’argent pour faire vivre cela.
Ed : C’est juste une réaction à l’environnement, la situation actuelle, c’est ce que nous faisons. En essayant de faire de notre mieux. Mais nous n’avons pas toutes les réponses.

 

Pourquoi Thom a-t-il refusé l’offre de Paul McCartney de collaborer sur son dernier album ?
Thom : Uhm… Parce que je ne sais pas jouer du piano. Pas de cette manière. J’ai dû lui expliquer, j’ai écouté cette chanson (Mr Bellamy), et j’ai vraiment aimé, mais la partie piano impliquait des mouvements non coordonnés entre les deux mains. C’est quelque chose que je ne sais pas faire. Je lui ai dit "je pianote les touches, c’est tout".

Est-ce que Thom pense que ses efforts pour la bataille environnementale sont utiles ? Est-ce que les politiques l’ont écouté lors de sa campagne avec Friends Of Earth ?
Thom : The Big Ask a plutôt été assez efficace… En fait, Gordon Brown a rejoint la cause… Tout du moins c’est ce qu’il dit. Il y a eu aussi un important rapport rédigé cette année. Ca allait être vraiment positif, excitant, et puis ça a changé, ça a fait un flop. Mais peut-être, vous savez, maintenant que Gordon Brown dit qu’il a pris le dossier en mains, ça pourrait changer.

Une autre question directe que j’aimerais poser… En ces temps post-Blair êtes-vous plus ou moins optimiste sur l’issue de la situation en Iraq ?
Thom : Ce que je trouve totalement horrifiant ce sont les histoires des soldats qui en reviennent. Je pense que ce qui me reste en travers de la gorge c’est Blair disant : "Je répondrai de ça devant Dieu". En réalité non. Dans un pays démocratique tu en es redevable devant nous, mec. Et je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n’a jamais vraiment admis sa responsabilité pour cette erreur, avec humilité, dans un élan de démocratie alors en vogue, alors que c’était l’action la plus impopulaire d’un gouvernement depuis longtemps.

Quelques commentaires à propos de la webcast Thumbs Down…
Thom : Bon, ce fut un show assez chaotique… et le nom est tout ce qui a émergé d’un brainstorm d’environ cinq minutes. Au quotidien on ne se fait pas écouter les uns aux autres les disques que l’on apprécie. Et le fait que les gens regardent ce n’est que du bonus. Mais aussi, quelque chose d’assez sympa à faire parce que nous avons monté toute cette infrastructure et cette manière de penser, et c’est sympa cette idée de monter soi-même sa télé. On recommencera dans quelques temps… Maintenant c’est bien réalisable, techniquement il n’y a plus de limite de bande passante ou de qualité d’image, ce serait facile de diffuser en direct les images du studio en continu, ce qui est plutôt dingue comme possibilité. Ce serait plutôt bas-niveau, alors il faut faire attention à ne pas faire n’importe quoi non plus.

Obscur, dépressif, distant, laborieux… avec tout cet événement autour de In Rainbows, cet album plein d’âme, la méthode de vente, cette ancienne image de Radiohead est détruite. Donner du pouvoir au consommateur a, en quelque sorte, humanisé le groupe.
Thom : Pour moi un truc important était de nous détacher de tout ce contexte… Si les gens veulent en savoir plus, libre à eux. Ca ne sert à rien de perpétrer des mythes avec lesquels vous n’êtes pas d’accord. Nous évitons juste d’éviter ça, je veux dire… dépressif ? Oh oui, enfin peu importe.

Un sondage effectué sur des sites de fans annonce que la moitié des interrogés ont acheté la discbox, 10% ont refusé de dire le prix donné lors du téléchargement, et sur les 40% restants juste un quart n’a rien payé. Cela donne un prix moyen de £5.65. Si l’on inclue ceux qui n’ont pas payé, on arrive à £4.33.
Phil : Quel prix adorable.
Est-ce que ce n’est quasiment que du bénéfice ?
Thom : En fait, pas vraiment hélas dans ce cas, car ça a couté beaucoup de monter tout ça, les serveurs et tout. Il y avait des risques. Le plus gros risque était que personne ne paie, alors qu’on avait mis en place cette infrastructure, et on aurait tout perdu. Mais ça n’est pas arrivé, alors ça va. Ca a valu le coup ne serait-ce que pour créé un buzz autour de ça, ce que nous avons eu. Et ça a marché bien bien bien mieux que ce que nous pensions.

Une dernière question d’Ana, qui est originaire du Portugal mais vit en Suède, d’ordre général : est-ce toujours amusant ?
Thom : Bonjour Ana. Oui. Parfois. Pour sûr.
Colin : Ca l’est en ce moment.
Ed : Yeah.
Phil : Concernant les cinq dernières semaines, oui, ça l’est encore plus.
Jonny : J’écoutais mon iPod aujourd’hui, il y a toujours quelques-uns des morceaux que j’ai envie d’écouter. Avec tous nos disques d’habitude je suis plutôt du genre à vouloir les balancer par la fenêtre comme un frisbee. Mais je peux toujours écouter Nude et Reckoner et je pense qu’ils sont géniaux.
Thom : Ouais, assurément, assurément toute cette affaire de download a redonné un vrai coup de boost ici. Vraiment. Mais après Noël nous nous ennuierons à nouveau.

Pas de panique, Thom Yorke, comme souvent ces derniers temps, plaisantait.

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Amatrice du groupe, surtout en concert. Travaille sur ce site depuis 10 ans.

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