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Jonny met la barre à l’Est

Jonny Greenwood participera à deux événements consécutifs en Pologne cette semaine.

D’abord le 9 septembre, dans le cadre du Congrès européen de la Culture à Wroklaw, sera créée une nouvelle oeuvre, “48 responses to Polymorphia”, en hommage à “Polymorphia pour cordes” de Krzystof Penderecki qui dirigera lui-même l’orchestre. Aphex Twin participe également à cet événement.

A cette occasion, une interview est parue sur le site dédié à Penderecki.

http://www.krzysztofpenderecki.eu/en/4/118/3/Jonny-Greenwood–interview

Tomasz Handzlik: Comment vous est venue cette fascination pour Penderecki?

Jonny Greenwood: De plusieurs façons: son utilisation des instruments traditionnels pour créer un monde complet de nouveaux sons. En fait, j’avais un professeur qui nous a fait entendre le Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima. Je ne savais pas qu’on pouvait faire ça. J’ai commencé à chercher partout ses morceaux et à penser à la hauteur et au temps dans la musique d’une façon nouvelle. J’étais également fasciné par ce qu’il avait tiré de l’étude approfondie de la musique électronique avant de le retranscrire dans la musique orchestrale.

Tomasz Handzlik: Cela a été en effet une deuxième étape particulière. Mais une rock star et la musique classique d’avant-garde ? C’est une combinaison inhabituelle.

Jonny Greenwood: J’ai grandi en étant un fan obsessionnel de nombreuses sortes de musiques, ayant toujours pensé que le bon vieux rock, le jazz et les disques classiques étaient équivalents. Je pense toujours que c’est vrai. Kraftwerk, Miles Davis, Messiaen, Joy Division, The Fall, Lee ‘Scratch’ Perry….tous ont fait de grands disques qui méritent tout autant d’être écoutés.

Tomasz Handzlik: Mais votre histoire avec la musique a commencé avec le violoncelle.

Jonny Greenwood: L’alto. Oui, j’étais dans un orchestre de jeunes et aussi dans des groupes de flûte à bec quand j’étais adolescent. Je répétais avec des groupes de rock après l’école certains jours, et avec des orchestres ou des groupes de flûte baroque d’autres. C’était une bizarre double vie, mais je suis reconnaissant d’avoir passé tant de temps à faire de la musique.

Tomasz Handzlik: Quel est le compositeur que vous avez connu le premier? Penderecki ou Messiaen ?

Jonny Greenwood: Messiaen. Un professeur nous a fait entendre Turangalila-Symphonie quand j’avais 15 ans, et j’ai été très surpris que de telles couleurs puissent être produites par un orchestre. Les Ondes Martenot bruissaient par-dessus les violons comme si elles jouaient un autre morceau que le reste de l’orchestre. J’étais frappé tellement ça me semblait surnaturel. Et comme j’était adolescent, je pense que j’étais sensible au fait que ce soit un compositeur vivant: cela le rapprochait de ce qu’était un groupe pour moi, il me semblait moins éloigné.

Tomasz Handzlik: C’est à Messiaen que vous avez emprunté l’usage des ondes Martenot?

Jonny Greenwood: Oui, c’est tellement un moyen formidable de transformer l’électricité en son: c’est très sensible, comme un alto, on peut contrôler tous les aspects de la hauteur et du ton d’une manière très naturelle. Cela vous fait comprendre que les synthétiseurs sont seulement une collection d’interrupteurs plus que des instruments de musique.

Tomasz Handzlik:Aujourd’hui vous êtes compositeur en résidence de l’orchestre de la BBC. C’est votre deuxième métier en dehors de jouer avec Radiohead ?

Jonny Greenwood: Il y a toujours eu de l’orchestration dans les chansons de Radiohead, même si elles n’utilisent que des guitares et des pianos et, pour nous, cela nous aide de les considérer comme des arrangements. On essaie de penser que tous les instruments sont aussi importants les uns que les autres, qu’il s’agisse d’un glockenspiel ou d’un ordinateur portable, ou une guitare ou même un orchestre à cordes. Selon ce que la chanson nécessite, on espère ne pas renoncer à utiliser tout ce qui est possible, même si on le fait maladroitement.

Tomasz Handzlik: Popcorn Superhet Receiver a été inspiré par le Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima. Pourquoi avez-vous choisi ce morceau en particulier ?

Jonny Greenwood: Ce morceau de Penderecki finit sur un gros bloc de bruit blanc créé par deux octaves de quarts de tons (48 notes représentant un demi-ton chacune). J’ai pris ça comme point de départ, je l’ai traité comme un cube blanc en trois dimensions, en plâtre ou en pierre, quelque chose qui aurait des formes bien découpées.

Tomasz Handzlik: Avez-vous déjà rêvé de travailler avec Penderecki?

Jonny Greenwood: Jamais, c’est trop bizarre. Mais je l’ai rencontré après son concert à Londres où il dirigeait en personne son Concerto pour violon numéro 2.

Tomasz Handzlik: Comment vous souvenez-vous de cette rencontre et de cet événement?

Jonny Greenwood: C’était à Drapers Hall, à Londres. Je me suis levé pour une ovation au premier rang – ça ne me ressemble pas du tout. Personne d’autre ne s’est levé (ça, ça me ressemble plutôt…). Je n’arrivais pas à comprendre comment, avec de telles mélodies, la salle était pleine de nuages de sons aussi magnifiques.J’ai cru un moment qu’il y avait des instruments électroniques, mais bien sûr ces nouveaux sons venaient d’un bon vieil orchestre à cordes. Je pense que parmi toute la musique enregistrée, celle de Penderecki est celle qui souffre le plus de son transfert sur CD et haut-parleurs : sa complexité rend nécessaire que vous l’écoutiez dans une salle, avec un orchestre, pour vraiment entendre la beauté et les détails des textures qu’elle crée. La réduction de 48 instruments à 2 haut-parleurs est vraiment une diminution : c’est comme de regarder Shining sur un téléphone mobile, on perd beaucoup…

Tomasz Handzlik: Maintenant votre collaboration va devenir plus étroite. Qu’est-ce que vous attendez du projet en préparation pour le Congrès de la Culture européenne?

Jonny Greenwood: En ce moment je travaille sur quelque chose inspiré par Polymorphia –j’essaie différentes approches et j’attends de voir ce qui va marcher. Je ne suis pas trop sûr de ce que ça va donner mais je suis très content que Penderecki soit ouvert d’esprit au point d’accueillir des musiciens extérieurs au monde classique.

http://www.culturecongress.eu/english/event/penderecki_greenwood_aphex

Et le 11 septembre à 19h30, à Varsovie cette fois, Jonny Greenwood interprètera avec Steve Reich au piano, “Electric Counterpoints”, oeuvre mythique du compositeur américain. Aphex Twin participe également à ce festival intitulé Sacrum Profanum.

Le concert sera diffusé sur deux chaînes de la radio polonaise comme nous l’a appris quidam: il semble que ce soit sur le programme 3 (en streaming sur Internet) qu’on puisse entendre la prestation de Jonny Greenwood.

http://www.polskieradio.pl/8/22/Artykul/431510,-Steve-Reich-Jonny-Greenwood-Ensemble-Modern-Pawel-Mykietyn

http://www.sacrumprofanum.com/en/13/365/373/programme

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