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Interview de Colin Greenwood dans le Guardian

Si Radiohead n'adresse plus guère la parole à la presse musicale anglaise, ce qui nous vaut des couvertures fin de décennie alignant tout un tas de gens sauf les 5 récalcitrants (NME, Q), le Guardian, qui est leur fidèle supporter, est mieux traité: sous le bandeau "Radiohead, le groupe de la décennie", il sort aujourd'hui une interview de Colin Greenwood réalisée dans la semaine.


Question: Pour en revenir à la fin des années 90, quels souvenirs avez-vous des sessions de Kid A et d'Amnesiac?

Colin: Très froid. On enregistrait à Copenhague et à Paris pendant l'hiver parce que c'est toujours bien de partir et de se retrouver entre soi, rien que le groupe. A Paris, pour nous rendre aux studios, on traversait le Bois de Boulogne, en passant devant les prostituées. C'est de ça dont je me souviens, le froid, et il en est resté une atmosphère légèrement glaciale, comme une rivière coulant lentement, surtout pour Kid A.

Q: Vous étiez en train d'arracher la marque de Radiohead 1 pour construire un Radiohead 2?

Colin: Passer des guitares aux ordinateurs c'était un peu comme fixer un portable avec la sueur au front. Et puis, il y a 5 personnes dans le groupe, toutes inspirées par des choses différentes. Thom était (et est toujours) inspiré par des choses comme Autechre et Boards of Canada. Et là-dedans, il y avait des choses qu'on aimait et d'autres pas. On essayait d'éviter de faire ce truc qu'on fait à l'école quand on dit qu'on aime Pretty in Pink des Psychedelic Furs et que celui qui a tous leurs anciens disques vous traite de ringard parce que c'est la première fois que vous entendez parler d'eux. Dans un groupe avec vos copains, on ne peut pas se permettre de se mettre mal à l'aise les uns les autres.

Q: Est-ce qu'il y a eu un moment où vous vous êtes dit, "ça y est on avance"?

Colin: Il faut avoir confiance dans ce qu'on fait. On avait l'impression de ne pas avoir fait de progrès à Copenhague mais quand on réécoute les cassettes maintenant, c'était bon. Si vous aviez pu entendre les morceaux faits au début à Paris, vous penseriez, "ils se sont bien amusés!"

Q: est-ce que vous essayiez consciemment de trouver un moyen de rester un grand groupe ou la seule chose qui importait était de continuer à ce que ce soit intéressant?

Colin: Juste que ça reste intéressant. Il n'y avait aucun souci du format. C'était juste qu'il fallait que ça ait du sens au moment de la création. C'est un peu comme d'acheter un billet qui vous donne droit d'aller partout, aux Etats-Unis ou au Japon, et de ne pas avoir la moindre idée de la destination au moment où vous l'achetez.

Q: On dit que vous avez été à deux doigts de vous séparer deux fois, pendant Kid A et pendant In Rainbows. C'est vrai?

Colin: C'était juste dans le mouvement de frustration qui accompagne l'enregistrement d'un album. Il y a toujours des choses dont on n'est pas sûr. Mais après le Some King of Monster de Metallica, c'est difficile de parler des relations dans un groupe sans avoir l'air branleur ou complaisant…

Q: Comment réussissez-vous à trouver un équilibre entre les différents intérêts politiques des membres du groupe en évitant la tension dans le groupe lui-même?

Colin: Tout le monde a des intérêts différents mais l'obession centrale c'est Radiohead. On a des conversations posées sur ce qu'on fait et c'est très positif. C'est ça la grande différence entre maintenant et 1998, il n'y a pas de peur ni de sentiment d'insécurité.  On pourrait  parler du futur aussi car on a sorti quelques titres cet été! Le morceau sur Harry Patch, et puis le  titre de Thom sur -comment ça s'appelle?- New Moon, le film de la série Twilight. On en parlait la semaine dernière et je disais: "c'est comme quand on avait 14 ans et qu'on regardait Ferris Bueller ou Pretty in Pink et soudain on entendait Temptation de New Order et on pensait, "super!". Après In Rainbows, ça a été vraiment bien pour nous parce qu'on est libre de sortir de la musique exactement au moment où on juge que ça a du sens. Avec Harry Patch, on avait juste fini d'enregistrer les cordes la semaine avant sa mort. On s'est dit, "ce serait bien de sortir la chanson maintenant, non?" Comme on n'a pas de maison de disque, on n'avait pas besoin d'attendre. On a contacté sa famille et ils étaient très enthousiastes. Je suis fier qu'on ait fait ça.

Q: Qui a eu l'idée de la sébille  en ligne pour sortir In Rainbows?

Colin: Un ami de notre manager. Il n'était pas question de rendre gratuite la musique et nous n'ignorons pas le problème du partage des fichiers. L'idée c'était de mettre la balle de la moralité dans le camp du consommateur.

Q: Est-ce que ça vous éloigne de l'idée de faire des albums?

Colin: Non, parce qu'on peut tout faire. On peut sortir des vinyles, des fichiers à télécharger ou faire un album. Tout est valable. On est en train de travailler sur de la musique que nous aimerions, je pense, sortir comme un ensemble mais nous ne savons pas  pour le moment quand ni comment.

Q: Qu'est-ce que vous écoutiez dans le bus de tournée?

Colin: En fait, on venait juste de reprendre les sessions pendant qu'on répétait pour Reading et Leeds. Le soir on branchait nos iPods et on écoutait des trucs qu'on aimait. Ed c'était Maggot Brain de Funkadelic, on était très excité par le nouveau single de Four Tet. Moi j'aime beaucoup Fuck Buttons. Plein de vieux trucs de hip hop aussi…J'ai montré à mes enfants de vieilles vidéos de breakdance et pendant les vacances cet été, j'ai rencontré Q-Tip. Il est venu chez moi et on se passait du disco quand mon petit de 4 ans s'est montré et s'est mis à danser devant Q-Tip. Super non? (rires). C'est la meilleure chose qui m'est arrivé depuis 10 ans!

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