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Florence, Radiohead, Rachel

Notre ami yonbou ne nous a pas seulement fait partager son concert de Florence quasiment en direct, il a eu aussi la gentillesse de traduire une interview originale, parue dans l’édition florentine de La Republicca, le 23 septembre : un journaliste ayant rencontré les Yorke lors de vacances à Cuba il y a quelques années, a profité de sa bonne fortune pour proposer une alternative à l’impossible interview de Thom Yorke, en rapportant une interview sans doute téléphonique avec Rachel Owen, compagne de Thom et mère de ses enfants. C’est en effet inédit, un peu décousu et parfois surprenant :

L’autre artiste chez les Yorke

La compagne du leader de Radiohead a longtemps vécu à Florence où elle a étudié à l’Académie des Beaux-Arts, là où, dit-elle : « J’ai appris à cultiver mon plaisir autant que ma concentration. »
 
Il y a un petit bout de Florence dans l’histoire de Radiohead…Un lien qui va au-delà des merveilleux concerts de Santa Croce ou du Piazzale Michelangelo sans compter le concert de dimanche au parc des Cascine, où sont attendues près de 30 000 personnes. Ce lien avec la ville est une femme : Rachel Owen, la compagne de Thom Yorke. Elle sortait déjà avec le chanteur et icône du groupe quand elle était étudiante ici, à l’Accademia di Belle Arti. « Il me semble que mon tuteur se nommait Giovanelli se souvient Rachel – bloquée à Oxford pour raisons de santé et qui, entre temps, est devenue une personnalité importante des arts en Angleterre- en plus de l’imprimé, qui a toujours été ma discipline, nous pratiquions la peinture. Je me souviens avec plaisir des cours théoriques (très différents de ceux de l’université anglaise où elle étudia l’art), mais ce que j’ai vraiment appris d’important, c’est de cultiver autant le plaisir que la concentration. Regarder le monde autour de moi sans en perdre une miette. »

 C’était dans les années 90 et Rachel vivait dans le quartier du Poggetto (quartier excentré de Florence) : « Je partageais un appartement avec deux autres étudiants, de très bons amis. C’était intéressant de se plonger dans cette communauté où il n’y avait pas que des jeunes étrangers, la plupart étant concentrés dans le centre de Florence. Pour les gens du quartier, nous étions exotiques continue Rachel Owen, qui n’a pas partagé sa parenthèse florentine avec Yorke. Quand parfois une rafale de vent faisait s’envoler un vêtement de l’étendoir, les habitants du Poggetto savaient de quel appartement il provenait à cause de l’inévitable étiquette de Marks and Spencer à l’intérieur.Tout le monde était sympathique : j’ai adoré rencontrer de nouvelles personnes et j’essayais tout le temps de m’adapter à toutes les nouveautés, même si l’entreprise était parfois difficile et vouée à l’échec. Les Florentins branchés, vous savez, ne s’accordent pas avec n’importe qui. Je me souviens que tous les soirs, en rentrant à pied du centre-ville vers l’arrêt de bus, je regardais tout autour de moi comme si la ville était la scène d’un rêve. J’ai grandi dans une réalité bien différente, beaucoup plus industrielle, au sud du Pays de Galles. Et que dire de la nourriture ? Je suis une piètre cuisinière mais les seules bonnes recettes que j’ai apprises viennent de Florence. Plongée dans l’art de la Renaissance l’art contemporain ne me manquait pas. J’allais au vernissage de jeunes artistes pas bien connus alors que jusque-là ma connaissance de l’art du XVIe siècle se limitait à des illustrations dans des livres ! J’avais un désir incroyable de voir l’art en vrai : c’est pour cette raison que j’avais choisi d’étudier à Florence. Et ce fut un choix judicieux ».

 C’est ici à Florence que Rachel se passionne pour Dante : les illustrations de la Divine Comédie allaient même devenir son sujet de thèse de doctorat à l’université d’Exeter : « et ça m’a ramenée à Florence et en Italie où je fréquentais les principales bibliothèques ; j’avais aussi réalisé une série de photos sur la Divine Comédie ». Quand je lui fais remarquer que Thom s’était inspiré de Dante dans quelques-unes de ses chansons, elle s’exclame, surprise : « C’est vrai ? Quelle honte, je l’ignorais ! Après toutes ses années j’ai quand même réussi à influencer Thom au moins pour ça ! « 
Dans le travail d’Owen, Dante semble avoir laissé une présence fantasmatique, telles ces grandes ombres noires qui dominent ses clichés : « Au début de mes travaux, j’utilisais plus la couleur, puis j’ai compris qu’en limitant ma palette au noir et blanc, je me libèrerai davantage. »

« Quelqu’un m’a dit que mes créations ressemblaient à des images de films, j’aime assez l’idée que quelqu’un, observant mes images, puisse les utiliser pour imaginer le point de départ d’une autre histoire ou d’un projet personnel. C’est sans doute pour cette raison que les images que je réalise ne sont ni trop définies ni trop figées. J’aime l’idée qu’une image puisse changer en fonction de la manière dont vous la regardez, en fonction de la lumière qui change comme change votre point de vue en la regardant. »

Une manière de concevoir l’art pas très différente en réalité de celle de Thom Yorke vis à vis de la musique.

Fulvio Paloscia La Republicca, édition de Florence, 23 septembre 2012

L’oeuvre de Rachel Owen qui illustre cet article est intitulée “Shipwreck”

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