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Thom Yorke ajoute Montaigne à ses sources d’inspiration!

Ce n’est pas la moindre des révélations de cette interview publiée aujourd’hui par RollingStone et que je vous traduis:

Le journaliste Simon Vozick-Levinson a eu l’avantage de prendre Nigel Godrich et Thom Yorke un jour où ils étaient de très bonne humeur (mais on sait qu’ils privilégient ce journal): d’abord Thom Yorke dit qu’il fait sauter les dents du prochain qui lui parle d’Atoms for Peace comme d’un “super-groupe” avant d’ajouter qu’il ne sait pas très bien à quoi va ressembler cette tournée qui s’annonce car ils ont pour l’instant plutôt du mal à accorder leurs plannings. L’ensemble de l’interview est ponctuée de rires, c’est un numéro à deux désormais bien rôdé!

source : http://www.rollingstone.com/music/news/q-a-thom-yorke-and-nigel-godrich-on-atoms-for-peace-the-state-of-dance-music-and-whats-next-for-radiohead-20130423?page=2

[blockquote cite=”http://www.rollingstone.com/music/news/q-a-thom-yorke-and-nigel-godrich-on-atoms-for-peace-the-state-of-dance-music-and-whats-next-for-radiohead-20130423?page=2“]

“AMOK est sorti de la joie de découvrir un autre groupe de gens, je suis curieux de voir ce qui va se passer maintenant” dit Thom.

“En ce moment, j’écris des trucs de nouveau très électroniques, très simples, très minimaux. Je ne sais pas si ça va marcher”.

SV-L: vous avez prévu pour cette tournée plutôt des grandes salles. C’est excitant ou un peu effrayant?

Yorke: Y’en a un peu mais rien de trop grand. The Roundhouse à Londres est plutôt petit. Ce sera amusant. Je sais que c’est stupide mais, c’est un nouveau groupe vous savez, même si on a été numéro 2!

Godrich: Bruno Mars a eu une promo spéciale sur Amazon, c’est pour ça.

Y: Ouais, Bruno Mars. Mais p…qui c’est ce type-là? Pardon. On va me tomber dessus maintenant.

G: C’est Amazon qui décide.

Y: et voilà, à chaque fois Amazon nous snobbe!

G: ils essaient seulement de faire venir des gens sur leur site. C’est le marketing moderne de l’ère .com.

Y: donc, en fait on était numéro Un.

G: en tout cas c’est ce que j’ai dit à ma maman.

S V-L: qu’est-ce qui vous plaît le plus quand vous jouez avec AfP?

Y: c’est qu’ils sont super-rapides et super bons techniquement. Beaucoup d’énergie, Flea bien sûr mais aussi les autres dans leur genre. Quand on joue ensemble, c’est direct. Et ils  regardent dans ma direction pour que je les dirige, et je suis pas habitué à ça. Enfin, un peu quoi (rires)

G: Je connais Joey depuis des années -il est super bon pour voir venir les choses. C’est le genre de type que vous embauchez pour qu’il joue sur votre disque parce que vous savez qu’avec lui ça va le faire. Et lui il connait Mauro. L’alchimie est très bonne. Et ils sont techniquement bons au point de réaliser ces trucs incroyablement complexes et même aller au-delà. Ils font ça en rêve. Et moi je suis juste le mec qu’a passé un an et demi avec ProTools et je sais exactement comment ça marche, d’où ça vient et où ça va.

Y: il connaît tous les arrangements, ce qui n’est pas mon cas. Je vadrouille.

G: et puis vous savez, Thom et moi, on est les Anglais du lot. On vient d’une autre planète.

Y: en fait, c’est important ça. S’installer à LA, répéter à LA, c’est sympa, c’est ensoleillé. On a plein d’amis là-bas. On sort ensemble. Y a personne qui dit “ah, bon? parce que faut aller travailler là?”. On est tous “Ouais, putain c’est super!” C’est un peu comme si on était en vacances. J’espère que ça va continuer comme ça.. Ma crainte c’est que ça devienne soudain un travail, pour l’instant ça n’a jamais été ça.

G: Quand je suis allé à LA pour travailler la première fois, en venant de Grande-Bretagne, c’était un peu comme atterrir dans le pays du Magicien d’Oz. Tout le monde d’un niveau incroyable, efficaces techniquement, et le moindre équipement était le meilleur que j’avais jamais eu. On a fini par être un groupe de gens vraiment connectés et qui avaient envie de s’éclater en même temps.

Y: Je pense qu’on a apporté un brin de cynisme dans tout ça (rires).

G: mais il en faut bien deux comme nous pour contrebalancer leurs attitudes gaies et optimistes!

S V-L: Nigel, vous êtes d’abord un producteur travaillant en studio. Vous aimez jouer sur scène avec ce groupe?

G: Y a bien longtemps que j’ai décidé que je préférais être enfermé et travailler comme dans un labo, en pleine nuit, à bidouiller des trucs. C’est moi ça. Et je continue à aimer ça. Jouer live ça ne m’est pas naturel. Mais c’est sympa de se confronter à ceux qui écoutent votre musique. Le plus grand choc de ma vie ça a été de sortir un disque et d’entendre ensuite les gens chanter les paroles. Soudain vous vous rendez compte qu’il y a des gens qui ont écouté votre musique!

Y: c’est ce qui arrivait au début de Radiohead. Quand le disque sortait, on partait en tournée et Nigel venait au concert et se fâchait.

G: ” fâché”  pas vraiment. Et puis il ya autre chose, je ne me considère plus vraiment comme un producteur aujourd’hui parce que je pense que ce métier n’existe plus. C’est pas là que se font les choses. Donc maintenant j’aimerais plutôt faire des choses que j’aime vraiment avec des gens avec qui j’aime travailler, et développer ça, c’est formidable. Je me sens très chanceux. Je suis l’amateur dans cette affaire. Vous savez, Thom est sur scène depuis 20 ans.

Y: Le professionnel, c’est moi (sourire).

G: Oui, c’est vrai! Je peux vous le dire, je l’ai vu. Mais pour moi c’est plus facile de faire de la scène avec des types qui sont vraiment bons, croyez-moi. Je sais que personne ne me regarde moi. Je peux continuer à faire mes petites affaires dans mon coin à l’ombre.

S V-L: vous avez fait tous les deux beaucoup de DJing ces derniers temps.Comment ça influence votre musique?

G: J’ai un ami à LA qui m’a montré comment fonctionnaient les logiciels de vinyles virtuels (Virtual Vinyl software) et ça m’a renversé quand j’ai réalisé qu’on pouvait faire de la musique avec ça. On peut utiliser n’importe quel son, n’importe quel fichier et mettre ça sur un vinyle, le manipuler d’une main.

Y: pendant des années on parlait avec Jonny de couper des morceaux, de les mettre sur vinyles et de recoller tout ça. On ne l’a jamais fait et soudain ces softwares sont arrivés.

G: c’est plutôt compliqué de découper des morceaux. Je me souviens d’un ingénieur du son, quand on parlait de faire une face composée de grooves assemblés, qui disait “oh là, ce jour-là je me ferai porter pâle”. Tellement c’est difficile de faire ça!

Y: “The Gloaming” est le résultat de ces grooves assemblés, mais en fait on a juste utilisé des loops sur plusieurs pistes.

G: DJing  vous fait penser à la musique de manière différente, et à la manière dont la musique s’accorde avec d’autres morceaux de musique. Ca explose tout. Et puis c’est aussi une manière différente de réagir sur le moment, et c’est extrêmement important pour nous dans ce qu’on fait en ce moment.

Y: c’est très intéressant, de réagir de manière différente devant un groupe de gens dans une pièce sans jouer.

G: Ouais, comme dans une conversation. Mais ça dépend de toi, de faire décoller le truc ou de l’étouffer.

Y: Je dois dire que je n’aime pas la plupart des choses de la culture DJ qui existent aujourd’hui. Je n’aime pas le genre payer très cher un DJ qui vient juste pour faire son set. C’est bien, parce qu’il sait ce qui marche et il a travaillé avant mais quelquefois vous vous dites “vraiment? c’est tout?” Je veux dire, mon DJ favori, si vous voulez parler de performance, c’est Gaslamp Killer. Il est extraordinaire parce qu’il mélange toutes sortes de musique et il n’en a rien à faire. Quand j’étais en Austalie, Mark Pritchard m’expliquait que pour beaucoup de DJ, c’est leur source de revenus principale donc ils font ce qui marche parce que sinon on les prendrait pas. Alors ils ne prennent pas de risques. Mais il disait combien c’était différent au Panorama Bar à Berlin, ou chez Plastic People au début à Londres, ou au Low End Theory à Los Angeles: là les gens viennent et jouent exactement ce qu’ils veulent, et ils mélangent les styles, et c’est ça qui est vraiment bien!

G: Thom est bien plus au courant de ce qui se passe, il connaît tous ces gens.

Y: j’aime moissonner des trucs nouveaux. La plupart du temps c’est en vain, mais quand vous trouvez un bon morceau, c’est “whaouh!”

S V-L: qu’est-ce que vous avez découvert de bien récemment?

Y: en ce moment j’écoute beaucoup Actress. C’est mon obsession du moment. J’aime son esthétique, ce côté low-fi. Ce que j’ai trouvé dans une de ses interviews en ligne et ça m’a vraiment fasciné, c’est qu’il utilise le même matériel que moi à la maison. Mais d’une manière qui me fait dire “What the fuck?”.Je pense que c’est nécessaire (d’avoir cette réaction) pour quelqu’un qui veut encore écrire de la musique. Ce n’est pas nécessairement mauvais d’écouter et, après un moment, de se dire “mais comment ça peut se faire?”. C’est la curiosité qui nous fait continuer, vraiment.

S V-L: comme vous avez dit, la culture DJ c’est du business maintenant. Est-ce que ça vous rebute?

Y: ça dépend comment vous l’envisagez. Pour être honnête, y a 90% de cette culture qui ne me conviennent pas du tout. Je ne la comprends pas et je trouve vraiment complètement dingue qu’un promoteur d’Ibiza nous envoie un email pour nous inviter à venir là-bas: “NON!” En même temps, les choses les plus excitantes qui me soient arrivées récemment, c’est par exemple quand FlyLo m’a entraîné pour la première fois au Low End Theory, me tirant et me poussant parce que je ne voulais pas y aller, je descendais d’avion ou quelque chose comme ça, et c’était en fait complètement fou. Et il y avait une telle bonne ambiance de camaraderie entre ces gens, qui se connaissent tous. C’est différent de tout ce que j’avais connu. C’était pas une ambiance super-club, juste très fort et très fun, vous voyez? C’est dingue. Le hip-hop, c’est très abstrait, c’est une forme d’art. Tous ces gens qui dansaient en transe avec ces percussions hyper fortes, mais en même temps quand tu écoutais ce qu’il faisait, c’était super-compliqué. C’est comme une forme de prog-rock qui aurait dévié.

G: La musique électronique est devenue vraiment bizarre parce qu’elle a infusé dans le mainstream et en même temps, c’est comme la mode. Il y a une sorte d’avant-garde, la haute-couture dont il vient de parler, surtout dans les petits clubs, comme à LA autour du LET. Mais ce qui débouche dans le mainstream, c’est juste horrible, une sorte de DJing filtré.

Y: ils délavent la surface, mettent tout propre et passent tout à l’auto-tune.  “Fuck you!”

G: Je veux dire, que tu l’aimes ou non, tu as les hits à la David Guetta ou à la Calvin Harris, cette sorte de merde, c’est le niveau Marks & Spencer.

Y (glousse)

G: Si c’est ça! H & M. C’est comme ça que ça marche. Il y a des gens qui sont très très dangereux et expérimentaux et ça finit par des chapeaux ridicules qui sont copiés dans tous les magasins. C’est comme ça que je le vois.

Y: pour moi, personnellement, on ne peut pas adopter tout en bloc. C’est pas pour ça qu’on est là-dedans. Je veux dire, c’est amusant de faire le DJ mais, le disque de Daphni (Dan Snaith), il l’a fait parce qu’il a fait de plus en plus de DJing et qu’il avait en tête des morceaux qu’il n’entendait nulle part, donc il lui fallait les faire lui-même. C’est un peu pour ça que je me suis intéressé aussi à ça. C’est pour ça que j’écris de la musique: parce que je ne la trouve pas ailleurs. Je peux l’entendre dans ma tête mais je ne la trouve nulle part.

G: ce qui est évident comme le nez au milieu de la figure, c’est que Thom est un chanteur, et ça, qu’ils le veuillent ou non, ces gens n’ont pas ça.

S V-L: qu’est-ce que vous pensez des réseaux sociaux? Thom, vous ne twittez pas beaucoup n’est-ce pas?

Y: euh, pas encore. Je vais m’y mettre. Mais on a un compte Tumblr avec Stanley Donwood, ça s’appelle “What Have you done to my face”, c’est une citation des Simpsons.

G: incroyable! Je ne le savais pas ça, ça me plaît.

Y: Comment il s’appelle, le père de Bart? Homer Simpson. Il criait ça quand je cherchais le nom. Tu sais, t’arrêtes pas de chercher un nom pour Tumblr, tout est déjà pris. Et alors Homer a juste dit ça “What have you done to my face?”

S V-L: vous avez vu de bons trucs à la télé récemment?

Y: je regarde un tas de films. Lincoln c’était bien. J’ai vu Intouchable aussi, le film français, c’est très drôle. J’ai pas bien compris celui qui a eu l’Oscar, qu’est-ce que c’était déjà?

G: Argo.

Y: c’était pas mal mais j’ai vu mieux.

S V-L: parlez-moi du livre que vous avez avec vous aujourd’hui – une biographie de Michel de Montaigne?

Y: ah oui, c’est ma compagne qui m’a initié à Montaigne. Elle m’a dit qu’il fallait que je commence par ça. Bizarrement, je suis complètement passé à côté de Montaigne, alors je me rattrape. J’aime beaucoup les relations qu’il y a entre l’idée de vivre pleinement le moment et de vivre au présent.

S V-L: vous avez dit que vous écriviez de la musique. A quoi peut-on s’attendre?

Y: ah…

G: c’est le moment de faire un album country je crois.

Y: Ouais, c’est à ça que je pensais en fait. Qu’est-ce que je fais? Je ne sais pas vraiment. Encore de la merde électro (rires)

G: je sais, après des années d’expérience, que ce qu’il fait, c’est de râtisser des trucs un peu partout, et il en sort des fragments. Plus tard ça se retrouvera en contexte.

Y: ou bien je vais faire des choses très simples qui vont permettre de relier des choses ensemble. Comme “Black Swan”, d’abord ça a été 6 minutes merdiques.

G: 9 minutes!

Y: 9 minutes merdiques. Sauf un tout petit bout super, et il est passé juste à ce moment et m’a dit: “ce morceau. Jette le reste.” C’est souvent comme ça que ça se passe.

G: c’est pas à moi qu’il faut le demander.

Y: Ouais, j’ai aucune idée en fait. Je crois que j’ai besoin de vacances en fait. Je suis passé directement de Radiohead à ça. Le break a duré 3 jours. C’est de ça dont j’ai besoin.

G: un break qui consistera à écrire de la musique pour te relaxer (rires)

S V-L: Est-ce que vous savez quand vous allez travailler sur un autre album de Radiohead?

Y: Non, je ne sais pas, vraiment. On a dit un an, mais je suis sûr que ce sera un peu plus long parce que je vais finir par prendre des vacances. Pendant 3 jours (rires). Je n’ai aucune idée, j’aime bien d’ailleurs. On ne s’est pas dit “Fuck you, on se verra un de ces jours.” Mais c’était  assez excitant de décider de faire un vrai break. On n’a jamais vraiment fait ça, pas par choix en tout cas.

S V-L: je suis curieux de savoir quelles chansons de Radiohead vous avez enregistrées dans le studio de Jack White l’été dernier. Vous avez dit sur Reddit que l’une d’entre elles était “Identikit”, c’est ça?

Y: Ouais. On est restés que quelques heures en studio. C’était juste parce que “Identikit” sonnait vraiment bien là et je voulais qu’on l’enregistre avant qu’elle nous ennuie, c’est ce qui arrive normalement. Et il y avait un autre morceau qui devrait fonctionner. Mais c’était surtout pour “Identikit”.

S V-L: vous pensez que vous avez fini cet enregistrement ou vous voulez y retourner encore?

Y: C’est pas vraiment fini, fini. C’est mes devoirs à faire. Pas encore faits.

G: garde ça pour tes jours de vacances!

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