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The Observer (suite de l’interview)

Voici la deuxième partie de l’interview parue dans The Observer / Guardian début décembre. La plupart des questions ont été sélectionnées parmi les propositions des lecteurs.

Quand, et comment, s’est effectuée la transition entre la paranoia urbaine d’antan et la sensualité de ce disque ?
Ed : Oui, oui, exactement !
Colin : Voilà !
Thom : Ed insiste toujours sur le fait que ce disque est très sensuel. L’idée fait son chemin… je pense en effet qu’il y a beaucoup de ça. C’était plus la façon dont les choses se sont enchainées, rien de précis en particulier. En quelque sorte… en tout cas ce n’était pas quelque chose de réfléchi.

En avril le groupe a eu une réunion avec ses managers, Chris Hufford et Bryce Edge, qui ont fait une suggestion : puisque le groupe était sans contrat, pourquoi ne pas pas sortir l’album eux-mêmes, via Internet ? Puis encore des discussions, d’interminables réunions… Et cette autre idée : pourquoi ne pas laisser les gens décider combien payer pour l’avoir ? Si quelqu’un pouvait nous en dire plus sur ce plan…
Phil :  Tous les arguments n’étaient pas en faveur de cette initiative. Le seule chose dont nous étions sûrs, était que nous voulions faire un disque. Simplement, c’était ça, ce qui nous faisait avancer. Je pense que comme l’album a pris du temps à se faire, notre management se tournait les pouces et n’avait rien d’autre à faire que nous proposer des idées. Et celle-ci est restée.
Thom : Quand cette discussion a commencé, ça a semblé stupide de parler de tout ça, car nous ne savions encore pas si nous allions accomplir cet album ou pas. Et c’est seulement avec l’énergie, ou l’enthousiasme, d’avoir effectivement réussi à le finir et d’en être fier, que nous avons décidé "ouais, allez, organisons ce download" et que tout cela a pris un sens. Tout cela est surtout le boulot de Chris et Bryce, ça n’avait rien à voir avec nous, on avait fait notre album et voilà. Et c’était excitant parce que nous savions que nous avions réalisé un album dont nous étions fiers.

Pendant les dix jours entre l’annonce de Jonny et la date de sortie de l’album en ligne, l’Internet et les médias ont fait l’objet de discussions enflammées. Radiohead a gardé le silence. Comment a été cette péiode pour le groupe ?
Thom : C’était vraiment amusant. Tout ce bazar qui a démarré et nous étions juste au calme à la maison… C’était brillant. Chapeau !
Phil : Mais aussi nous nous sentions distants de ça. On a eu une exposition assez inhabituelle dans les médias. Un père à l’école m’a dit, et m’a dit "vous êtes en première page de Automobile Industry aujourd’hui !".

Une idée du prix moyen payé ?
Colin : Non.
Phil : Tout ça est en train d’être étudié en ce moment.
Thom :  Bonne réponse politiquement correcte.
Phil : Mais ça a été bien. Ca a été bien.

Alors vous avez récupéré plus d’argent que vous ne l’auriez fait avec une sortie conventionnelle ?
Colin : Si on avait fait ça pour l’argent, on aurait signé avec Universal il y a deux mois. On ne l’a pas fait… Aucune personne saine d’exprit n’aurait sorti un disque de cette manière pour le gain financier que ça apporte.

Est-ce que le groupe a intentionnellement attendu la fin de son contrat avec EMI pour sortir leur album le plus attractif commercialement depui sOK Computer, juste pour un pied de nez final ?
Colin : Non, nous avons travaillé avec EMI jusqu’à la sortie de ce disque.
Ed : Nous pensions pouvoir trouver un accord, vraiment.
Pourquoi cela n’a-t-il pas été possible ?
Ed : Parce qu’EMI est en train de changer. Le contrôle a été pris par quelqu’un qui n’a jamais dirigé de maison de disques auparavant, Guy Hands et Terra Firma, et il ne se rend pas compte de ce à quoi il a à faire. C’était vraiment triste de quitter les gens avec qui nous avions travaillé. Mais il ne nous aurait pas donné ce que nous voulions. Il ne savait pas quoi nous offrir. Terra Firma ne comprend pas l’industrie musicale.

Est-ce que le groupe néglige une partie de ses fans, parce que tout le monde n’a pas accès à Internet ?
Thom : C’était une des conditions du projet, que nous sortions aussi l’album en CD, parce que j’aurais été totalement d’accord avec ce reproche. 

Quel genre de contrat avez-vous signé avec XL Recordings ?
Thom : Un contrat pour un disque. Pareil avec ATO aux USA.

Il semblerait qu’EMI ait réagi à votre cadeau In Rainbows d’une manière particulièrement irritante, en sortant une box en concurrence directe…
Thom : Ha ha ah !
Qu’avez-vous pensé quand vous avez appris la nouvelle ? Que répliquerez-vous ? Un single de Noël ? Une édition limitée d’une box de remix de Pop Is Dead ?
Phil : Et c’était une question de T Yorke d’Oxford…
Jonny : On savait que ce genre de chose allait arriver, que ce soit un best-of ou ça…
Ed : C’est venu d’assez haut de toutes façons, Terra Firma. Quand les négociations ont commencé pour ce disque, nous savions qu’il y allait avoir un problème, et nous avons dû accepter que cela allait arriver.
Jonny : Ce n’est pas du meilleur gout.

Qu’est-ce qui a été le plus dur en sortant cet album vous-mêmes ?
Ed : Pour moi ça a été de ne pas avoir à nos côtés quelques personnes de chez EMI avec qui nous travaillions. On a eu de la chance d’avoir certains d’entre eux avant. C’est le seul point négatif je pense. Les gens.
Thom : Ce n’était vraiment pas très difficile. Parce cela semblait la chose nécessaire à faire. Nous étions conscients que nous n’avions aucune idée des conséquences, ce qui a rendu cela vraiment excitant. 

Des gens pensent que ce que vous faites est une mauvaise chose pour les jeunes groupes, parce que personne ne va payer pour leurs disques alors qu’ils peuvent avoir gratuitement un album de Radiohead, un groupe reconnu mondialement.
Jonny : Oui, on a mesuré les pours et les contres avant faire ça. C’était la plus grande inconnue en fait.
Ed : Mais le fait est que, tellement de bonne musique est maintenant accessible gratuitement de toutes façons…
Jonny : Oui, la culture du téléchargement est présente de toutes façons. Un ami à moi a acheté le dernier album de Muse. Et son fils de 12 ans l’a regardé et a dit "waouh ! le vrai truc !". Son fils avait déjà l’album, il connaissait les chansons, mais il n’a jamais tenu le CD dans ses mains. Il a juste trouvé ça curieux comme objet. C’est comme ça que ça se passe maintenant.
Colin : Ce n’est pas une prescription pour nous ou pour quiconque. Le problème avec ce genre de questions c’est que ça finit par ressembler aux discours des anciennes maisons de disques. On en oublie ce qu’est la musique est vraiment : l’excitation et le talent d’artistes faisant de nouveaux trucs cools que des gens apprécient. C’est ce que les maisons de disques ont oublié. Elles se sont enlisées dans ces anciennes questions et ont oublié l’envie pressante du public de partager et d’apprécier la musique. Et il y aura toujours un moyen de trouver comment trouver l’argent pour faire vivre cela.
Ed : C’est juste une réaction à l’environnement, la situation actuelle, c’est ce que nous faisons. En essayant de faire de notre mieux. Mais nous n’avons pas toutes les réponses. 

A suivre…

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