review de the bends
Magic #1, mars/avril 1995
par Nicolas Plommée.
review de ‘The Bends’
Le cas de Thom E. Yorke ne semble pas s’arranger. La tête chercheuse de Radiohead avait pourtant décroché le gros lot avec Creep, premier exemple de slow noisy répertorié à ce jour. Après s’être imposé sur le marché américain, il était tentant, à défaut de pondre un nouveau Creep, d’en livrer la suite le plus rapidement possible. Mais The Bends, produit par un John Leckie – XTC, Felt, The Fallo, Stone Roses – réputé pour sa méticulosité, marque un virage ("bend" en anglais), deux ans après Pablo Honey. Place aux entrelacs de guitares acoustiques et larsens contrôlés à l’envie. Place aux claviers joués avec parcimonie. Place à une voix travaillée jusqu’à l’ambiguïté. Du coup, le morçeau titre, déjà ancien, gagne en précision, tandis que High&Dry, véritable coup d’envoi de cet album, inaugure ce qui n’avait été qu’entrevu sur le précédent. Le reste est à l’avenant, excepté Fake Plastic Trees, qui sonne Beautiful South (!), et ce My Iron Lung taillé pour les concerts. Au final, Radiohead a réalisé un disque à son image, placé sous le signe d’une sombre destinée, Black Star, la peau à même les os, Bones. Sauront-ils résister aux attaques Bulletproof, aux esprits chagrins de Sulk? D’ailleurs, Planet Telex fait l’effet d’une tempête dans le cerveau, celui de Thom E. Yorke, dont le cas ne semble pas prêt de s’arranger. Et c’est tant mieux.
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