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review de Meeting People Is Easy

mars 1999, les Inrocks #186

 

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(review de Meeting People Is Easy)

 

Radiohead comme vous ne l’avez jamais vu: tel devait être le propos éclairant et engageant de Meeting people is easy, film documentaire consacré au groupe anglais à l’occasion de sa tournée mondiale 1997. A l’arrivée Grant Gee (sortie française en vidéo le 3 mars) est à la fois en deçà et au-delà de ce qu’on pouvait espérer. Oeuvre artistique à part entière, cette collection d’images ramenées d’Espagne, des Etats-Unis, de France, d’Allemagne et du Japon devrait décevoir les mélomanes les plus exigeants-pas un seul titre joué dans son intégralité, un son très approximatif- tout en enchantant les férus de l’univers claustrophobe et souvent paranoïaque du chanteur Thom Yorke. Images tremblées, textes en surimpression et ambiances oppressantes: Grant Gee, pour qui il s’agit d’une grande première dans l’univers du rock, s’est manifestement laissé envoûter par le charme inquiet et inquiétant des auteurs d’Ok Computer. Alors que le film paraît en France, Radiohead vient d’annoncer qu’il faudrait patienter de longs mois avant d’entendre le moindre enregistrement inédit-une notification qui met un terme aux rumeurs plus ou moins souterraines de sortie prochaine d’un nouvel album (live ou studio, selon les sources).
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review de Meeting People Is Easy

mars 1999, Rock and Folk

 

OK Vidéo

(review de Meeting People Is Easy)

 

"Ce qui nous a évolué dans ma perception de Radiohead, c’est qu’avant de connaître les membres du groupe, je les prenais pour des rock stars. En les rencontrant, en tant que personnes, j’ai découvert cinq individus avec des personnalités et des histoires." En une phrase et sans le vouloir sans doute, Grant Gree, le réalisateur anglais du rockumentaire "Meeting People Is Easy" (EMI) résume parfaitement la situation dans laquelle la plupart des idoles d’aujourd’hui se retrouvent. Après avoir travaillé sur une série de documentaires pour Radio One (U2, Massive Attack, etc..), le cameraman passe à l’acte au risque de démystifier plus encore un monde du rock qui, en abandonnant ses atours, menace également de perdre tout son impact. A la demande d’EMI, Gee filme en 1997 à Barcelone la semaine de promo européenne intensive à laquelle Radiohead sacrifie pour la sortie de "OK Computer". Dans la chaleur de l’instant, il gribouille un semblant de script et offre au groupe de le suivre. Son idée? Filmer. Tout, rien, encore et toujours. Tout, alors qu’il n’y a pas grand chose à montrer. Qu’à cela ne tienne. L’objectif va s’attarder une année durant dans des aéroports aseptisés, montrer des journalistes aux prompteurs pleins de mots mais vides de sens. véritable bernique, la caméra sur la coquille, Grant Gee est partout avec Thom Yorke et les siens, autour d’eux, en eux : "Les pires aspects du tournage ont été la fatigue et l’anxiété. J’ai également détesté faire le clip de ‘No Surprises’, car Thom était tellement au bout du rouleau que je me sentais stupide et sadique. A l’inverse, filmer les chansons durant les balances était un pur bonheur. Notamment une au Japon, ‘Follow Me Around’ dont Thom venait de terminer les paroles, et qu’il jouait à la guitare sèche. Après quelques minutes les autres l’ont rejoint, et le morceau, très Velvet avec de la slide, est littéralement né là, sous mes yeux. Globalement, je n’ai subi aucune contraire, mais, lorsque mes idées étaient accueillies par du silence, je comprenais qu’il fallait en changer." 
Le visionnage de "Meeting People Is Easy", dont le montage signé Jerry Chater donne un peu l’illusion de se curer les yeux avec un marteau-piqueur, reste une épreuve à jeun, mais comporte quelques grands moments, dont les séquences en studio, toujours intéressantes. Une autre, plus piquante, met l’accent sur l’abîme qui sépare marketing et passion : dans un hall d’aérogare, radiohead rasure des fans japonais aux yeux gonflés en promettant de revenir "dans deux ans". Ici donc, pas de drogue (molle ou dure) pas de groupies sous les tables, pas de Wc explosés. Juste des rockers modernes(?) en gros pulls. Quid d’une once de rêve? Il n’y en a pas. la seule touche de mystère réside dans le regard de Thom Yorke, petit Prince-sans-rire, qui semble toujours parachuté dans les scènes. Comme s’il savait. Que tout allait changer. Que les valeurs d’antan n’ayant plus cours, une certaine conception du rock est en train de disparaitre dans le sable. En 1972, dans le film "Imagine", John Lennon cassait déjà le mythe de la pop star en expliquant à un fan retrouvé dans son jardin un matin qu’il était un homme "comme tous les autres qui chiait et tout ça". Tout cela est beau et vrai à ce détail prêt que peu d’homme normaux ont écrit ‘Help’, "I’m the Walrus", et ‘A Day in the Life". De même, composer "Creep", "Karma Police" et "Paranoid Android" n’est pas exactement à la portée de tout le monde.
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Amatrice du groupe, surtout en concert. Travaille sur ce site depuis 10 ans.

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