A perfect Circle – #1 : Amnesiac Quartet
Récemment, les membres du groupe anglais Everything Everything déclaraient: “On ne peut plus faire de la musique de la même façon en Angleterre, on a tous beaucoup écouté Radiohead quand on était ados“. Ils sont nombreux à avoir fait de la musique après avoir succombé à OK Computer ou écouté Kid A dans l’autoradio de la voiture de leur père comme Robin Pecknold de Fleet Foxes. Et tous les fans de Radiohead reconnaissent aussi très souvent que leur musique leur a donné envie d’écouter plein de choses, dans un très large éventail de sons et de genres.
Pour relayer cette formidable envie de musique, nous vous proposons les témoignages de musiciens à qui nous avons demandé de raconter leur relation avec la musique de Radiohead: voilà comment une grande chaîne relie Radiohead à ses fans et ceux-ci aux musiciens qu’on a envie d’écouter aujourd’hui, voilà comment la musique circule.
N’hésitez pas à écouter les Å“uvres de ces groupes qui ont bien voulu nous répondre: faites circuler, faites circuler…c’est ainsi que les auditeurs peuvent contribuer à aider les musiciens à créer et à continuer à vivre de leur création.
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Episode 1a : Amnesiac Quartet
Sébastien Paindestre : clavier / Joachim Florent : contrebasse / Fabrice Theuillon : Saxophone soprano / Antoine Paganotti : batterie
Créé en 2006 par Sébastien Paindestre, l’Amnesiac quartet est le seul groupe dédié uniquement à la musique du groupe Anglais RADIOHEAD. A mi-chemin entre le jazz et le rock progressif, ces 4 musiciens (membres ou ex-membres de Rigolus, Magma, Jean-Louis, Surnatural Orchestra, Sébastien Paindestre trio…) tous habitués aux grandes scènes de jazz et musiques actuelles françaises trouvent ensemble une musique à la fois musclée, épurée et organique…
[button style=”green” fullwidth=”true”]Présentez-vous : depuis combien de temps faites-vous de la musique ?” type=”h5″ color=”red”]
Je fais de la musique depuis l’âge de 13-14 ans et je vis (en intermittence) de la musique depuis 2000. Je suis basé dans la région Parisienne. Nous nous connaissons Antoine et moi depuis nos 16 ans grâce au conservatoire de Montreuil (93) , et nous jouons ensemble depuis 15 ans . J’ai rencontré Fabrice (le saxophoniste) au conservatoire également il y a une douzaine d’années. Quant à Joachim (le contrebassiste), il joue dans le groupe depuis 2010. C’est moi qui ai proposé à mes camarades de monter un groupe uniquement sur un répertoire de Radiohead en 2006. Je me souviens qu’au début tout le monde dans le groupe me demandait si on pouvait jouer autres chose, au début le répertoire n’était pas assez étendu pour jouer du Radiohead mais dès que ça a été possible on a laissé mes compos de côté et tout le monde a bien compris que j’étais sérieux sur le fait de ne jouer que du RH !
[button style=”green” fullwidth=”true”]Quels sont vos projets actuels ? en cours et à venir ?” type=”h5″ color=”red”]
Mon projet actuel est la sortie du deuxième album de l’Amnesiac Quartet « Tribute to Radiohead vol.2 » en novembre prochain.
Ensuite je dois enregistrer un nouveau disque avec mon trio habituel (iano-contrebasse-batterie) qui s’appelle le Sébastien Paindestre trio, qui joue un répertoire de nouvelles compositions.
J’ai également un autre projet de disque en duo avec un saxophoniste de jazz américain, David Schroeder, avec qui j’ai enregistré dernièrement à la New-York University. Enfin d’ici quelques mois, je projette l’enregistrement d’un piano solo sur le répertoire de Radiohead.
Parallèlement je continue à construire un recueil au format jazz des musiques de Radiohead, j’espère qu’il sera un jour édité.
On a fait quelques jam sessions à partir de la musique de Radiohead sur la péniche l’Improviste dans le 19ème arrondissement : j’espère continuer à la rentrée peut-être dans un autre lieu. Je tiens vraiment à continuer cette grande aventure faites de belles rencontres musicales.
[button style=”green” fullwidth=”true”]Qu’est-ce qu’évoque Radiohead pour vous ? Pouvez-vous raconter un moment où leur musique a signifié quelque chose de particulier pour vous ?” type=”h5″ color=”red”]
Radiohead m’évoque le souvenir de la plus belle rencontre musicale que j’ai faite depuis l’écoute de John Coltrane quand j’avais 17 ans. Elle m’évoque également le « son » actuel du monde, sa complexité, ces paradoxes, sa fragilité, une résonance de l’âme humaine…
J’écoute beaucoup Radiohead depuis 2003, la sortie d’In Rainbows en 2007 a été pour moi un moment particulier, jusque-là , la sortie des albums du pianiste Brad Mehldau étaient les seules que j’attendais avec autant d’impatience. C’est arrivé au moment du décès de mon grand-père et leur album m’a sans doute aidé et accompagné dans cette épreuve. C’est aussi la première fois que je vivais une sortie d’album de RH en suivant le forum du site AirRadiohead et en participant un peu, j’ai également répondu à une interview TV pour M6 en tant que « fan » quand le disque est sorti…
[button style=”green” fullwidth=”true”]Et ils vous intéressent encore ?” type=”h5″ color=”red”]
Oui je suis de très près leur actualité grâce notamment à Radiohead.fr que je consulte presque quotidiennement pendant les périodes de concerts du groupe. C’est aussi ce qui est excitant quand on suit un groupe de rock encore en activité : plus jeune mes idoles étaient Mozart ou Chopin, et ensuite les Beatles, c’est plus dur de suivre leur actualité!
Je suis allé les voir en concert pour la première fois à Bercy en octobre dernier. J’ai vécu beaucoup d’émotions ce jour-là car j’ai été invité par Radiohead au concert (via les managers) et j’ai su au dernier moment que j’avais un pass pour l’aftershow ! J’ai pu donner en main propre le premier disque d’ Amnesiac Quartet à Thom Yorke qui est resté impassible et s’est baladé avec le disque dans sa poche arrière pendant tout l’aftershow ! Je ne suis pas une midinette, je vous raconte ça juste pour l’anecdote, mais c’était quand même difficile de rester calme !
Mon plus grand regret est de ne pas avoir vu Jonny ce soir-là , j’ai su par la suite qu’il travaillait souvent dans sa loge après les concerts pendant cette tournée.
[button style=”green” fullwidth=”true”]Et quoi plus précisément dans leur musique ?” type=”h5″ color=”red”]
Je suis très sensible au faut que leurs chansons, même sans le texte, en instrumental, gardent la même force d’évocation, c’est très rare. La manière dont sont découpés le rythme et les mesures est aussi très particulière et se rapproche du jazz ou du rock progressif.
Il y a un certain défi à adapter leur musique en jazz, et ce n’est pas simple à jouer, j’ai pu m’en apercevoir lors des jams sur Radiohead cette année en observant les musiciens qui venaient jouer sur scène.
La mélodie est aussi très intéressante, elle est souvent simple et à la fois tortueuse et se développe beaucoup, on a l’impression qu’elle ne va jamais s’arrêter, elle s’accroche jusqu’à mourir, mais reste dans la tête comme une réminiscence…
J’ai beaucoup suivi Thom Yorke au début, je continue avec Atoms for Peace bien sûr mais actuellement je m’intéresse daavantage à la musique de Jonny Greenwood : je regarde les nombreux concerts du groupe disponibles sur le Net j’écoute plus attentivement sa manière de jouer et ses parties dans RH. Il s’intéresse beaucoup à la musique contemporaine et électroacoustique, musique que je connais bien, car j’ai la chance de travailler avec mon beau-Père Jacques Lejeune qui est lui-même compositeur de musique électroacoustique : j’ai d’ailleurs fait découvrir sa musique à Jonny via un tweet récemment et à ma grande surprise il répondu qu’il aimait !
Il s’est produit cet été avec la pièce de Steve Reich « Electric counterpoint », on en ressent l’influence dans des morceaux comme « Weird fishes » ou « Bloom » plus récemment.
A Bercy j’ai été aussi très impressionné par le jeu de Colin Greenwood , il est toujours là , présent, quoiqu’il arrive, c’est une leçon à retenir pour un musicien.
Je m’intéresse aussi à leurs prestations en concert, ils ont un « son » vraiment incroyable ensemble, souvent des personnes me disent qu’elles ont été déçues par le dernier album TKOL, je leur demande si elles connaissent le « From the basement » de TKOL et les incite à aller écouter : souvent cela change leur regard sur l’album, en tout cas moi ça m’a fait cette impression.
A la semaine prochaine pour la suite de l’interview !
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